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Qu’est-ce que l’homme pour que tu penses à lui ?
Une vision chrétienne de l’homme
Jean-René BERTHELEMY
Précaution
Il y aurait mille manière d’aborder un tel sujet…
Et notamment sous l’angle exégétique, ou sous l’angle théologique, ou sous l’angle spirituel…
Pour ce soir, et ne disposant que d’une heure, j’ai choisi l’angle philosophique, pour une raison simple : c’est sur ce terrain, dans ce registre, que nous avons le plus de chances de pouvoir échanger et débatte de ce sujet avec nos contemporains…
Parcours visio 2024-2026
Lundi 17 février 2025
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Notre mission de laïcs dominicains nous appelle en effet au coeur d’un monde qui n’est plus majoritairement, très loin s’en faut, composé de catholiques pratiquants
Introduction :
Au 6ème jour,
Dieu dit : « Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance. Qu’il soit le maître des poissons de la mer, des oiseaux du ciel, des bestiaux, de toutes les bêtes sauvages, et de toutes les bestioles qui vont et viennent sur la terre. »
Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, il les créa homme et femme. Genèse 1, 26-27
Pour autant, le psalmiste questionne et s’interroge :
Qu’est-ce que l’homme pour que tu penses à lui, le fils d’un homme que tu en prennes souci ? Tu l’as voulu un peu moindre qu’un dieu, le couronnant de gloire et d’honneur. (8,5-6)
Je reconnais devant toi l’être étonnant que je suis : étonnantes sont tes oeuvres, toute mon âme le sait (138,14)
L’Evangéliste Jean met dans la bouche de Pilate une déclaration énigmatique : Voici l’homme (19,5)
Quelque 2000 ans plus tard,
Pour Friedrich NIETZSCHE : « L’homme est quelque-chose qui doit être dépassé (ou surmonté) » Ainsi parlait Zarathoustra
Claude LEVI-STRAUSS, le célèbre anthropologue écrira « Le but dernier des sciences humaines n’est pas de constituer l’homme, mais de le dissoudre », c’est-à-dire « réintégrer la culture dans la nature, et finalement, la vie dans l’ensemble de ses conditions physico-chimiques » (La pensée sauvage, 1962, Plon page 294)
Michel FOUCAULT, si j’ose dire, enfoncera le clou : « L’homme est une invention dont l’archéologie de notre pensée montre aisément la date récente. Et peut-être la fin prochaine » (Les mots et les choses, Gallimard, 1966 page 398) Jean-Pierre CHANGEUX, dans Du vrai, Du beau, du bien (Odile Jacob 2008) « Plusieurs présupposés idéologiques, qui sont monnaie courante dans les sciences de l’homme, doivent être déconstruits. Première opposition réductrice : la dualité corps-esprit. Le programme de
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la neuroscience contemporaine est d’abolir cette distinction archaïque, fondée sur une ignorance délibérée des progrès de la connaissance scientifique »
Dans le catéchisme de l’Eglise catholique
44 L’homme est par nature et par vocation un être religieux. Venant de Dieu, allant vers Dieu, l’homme ne vit une vie pleinement humaine que s’il vit librement son lien avec Dieu.
45 L’homme est fait pour vivre en communion avec Dieu en qui il trouve son bonheur : " Quand tout entier je serai en Toi, il n’y aura plus jamais de chagrin et d’épreuve ; tout entière pleine de Toi, ma vie sera accomplie " (S. Augustin, conf. 10, 28, 39).
Avec Laurence Hansen-Love, dans son cours particulier de philosophie
« Les tentatives de définition de l’homme n’ont jamais été concluantes et la philosophie contemporaine va même jusqu’à exprimer les plus vives réserves à l’égard de toute tentative de réduction de l’homme à une formule ou à une catégorie figée quelle qu’elle soit. »
Peut-on définir l’homme ? Impossible de répondre positivement à cette question sans esquisser une définition même partielle, même approximative, de l’humanité en tant que genre ou de l’humain en tant qu’essence. Cette définition, nous l’avons cherchée en vain.
Même du point de vue du sens commun… Primo Levi décrit malheureusement très bien la certitude avec laquelle les nazis dénient à des hommes la qualité d’humains… Levis Strauss constate que, pour beaucoup de cultures dites primitives, la qualité d’homme est réservée au groupe … La controverse de Valladolid nous rappelle que l’humanité des indiens faisait question…
Mises en perspectives
Rémi BRAGUE, à qui on doit une oeuvre importante, est professeur de philosophie médiévale, arabe et juive, à l’université Paris 1, ainsi qu’à l’université de Münich. Il est membre de l’Institut de France.
Dans un petit livre publié en 2022 chez Salvador, Remi Brague interroge le concept d’humanisme, pour tenter de le cerner d’abord, puis pour le confronter à l’image chrétienne de l’homme.
L’humanisme, comme mot, apparait assez récemment. Avant le 19° siècle, il est peu usité. Aujourd’hui, impossible d’apparaitre civilisé et conforme à la pensée bonne sans
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prononcer le mot « humanisme ». Ainsi, l’existentialisme est avec Jean-Paul Sartre un humanisme, le souverainisme est avec Marc Rameaux un humanisme, Alexis Karklins-Marchay plaide pour un libéralisme humaniste… Le pessimisme, le soin, l’athéisme… sont des humanismes.
Essayons d’y voir clair et retenons deux acceptions principales :
1. Dans l’histoire des idées pour mettre en valeur les études classiques
2. En philosophie pour désigner le projet d’autodétermination de l’homme, là où l’humain ne se définirait que par lui-même, sans besoin de regarder vers le ciel
Laissons de côté la vision : bienveillance, solidarité, …
Nous ne sommes pourtant pas au bout de nos peines… Ainsi, faire preuve d’humanité ne recouvre pas exactement la même chose pour ceux qui sont pour l’euthanasie et pour ceux qui s’y opposent (cf. Mme Braun-Pivet qui évoque ces jours-ci la possibilité de l’euthanasie comme relevant d’une démarche de fraternité) … Ainsi, quand on demande à ce que les animaux soient l’objet d’un traitement humain, sous-entendrions-nous que les humains seraient incapables de cruauté ?
On le voit bien, nous sommes à la fois dans une définition qui parait simple, et dans un écart d’approches qui mérite réflexion
Continuons donc à nous interroger … Savons-nous si bien ce qu’est l’homme, sommes-nous tous tellement d’accord sur sa définition que la notion d’humanisme viendrait imposer son contenu comme une évidence ?
Rémi Brague nous propose quatre étapes, pas forcément reliées entre elles
a) L’homme possède certaines propriétés qui le distinguent essentiellement des autres êtres, sans pour autant le valoriser
Dans l’Odyssée, Homère déclare que « la terre ne nourrit rien de plus faible que l’homme » … Sophocle, dans le choeur d’Antigone, présente l’homme comme rusé, habile, formidable.
b) On reconnait à l’homme une valeur : il apparait meilleur, plus grand, plus digne, que d’autres êtres (origines grecque ou biblique jusqu’aux Pères de l’Eglise, le Moyen-Âge et la Renaissance)
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Valeur pas forcément absolue pour Aristote : pour lui, l’homme, tout en étant meilleur que les autres vivants, n’est pas pour autant au sommet ; les êtres qui constituent le cosmos lui sont supérieurs, les corps célestes relèvent d’une nature plus divine que l’homme.
Plotin, (philosophe du IIIe siècle après J.-C., il a construit l'une des métaphysiques les plus importantes de l'histoire de l'Occident) dans sa polémique contre les gnostiques « Si l’homme a une grande supériorité sur les animaux, quelle supériorité n’ont pas ces astres qui sont dans l’univers pour l’embellir et y faire régner l’ordre, et non pour y exercer une influence tyrannique »
Dans l’Eglise, deux traditions cohabitent, surtout à partir du 15ème siècle où l’on voit en même temps des traités sur la dignité et la grandeur de l’homme, et des traités sur la misère de la condition humaine. Néanmoins, toujours, dans le christianisme, la primauté de l’homme advient et s’accomplit dans l’Incarnation, Dieu qui, en Christ, se fait homme
c) C’est à partir du XVIIème siècle que débute la troisième étape : La grandeur de l’homme n’est plus une propriété pacifique, elle doit être activement conquise dans une lutte victorieuse contre la nature. L’homme devient l’être qui doit régner sur les autres, les juger d’après ses propres critères, leur imposer ses propres fins.
Francis Bacon invite, dans son Règne de l’homme, les sciences naturelles à s’appliquer à l’amélioration de la condition humaine
Dans Le Discours de la méthode, Descartes donne comme un mot d’ordre le fait de rendre l’homme maitre et possesseur de la nature
Wilhelm von Humboldt (philosophe linguiste et haut fonctionnaire prussien. Il fut à l'initiative et participa à la fondation, dans le cadre de son projet de réforme libérale de l'éducation allemande et européenne, de l'université de Berlin. Il écrit en 1793 : « On attend de l’homme qu’il imprime visiblement le sceau de sa valeur sur la nature inanimée qui l’entoure »
d) Remi Brague nomme la quatrième étape celle de l’humanisme exclusif : l’homme est l’être supérieur par excellence, il n’en tolère aucun autre au-dessus de lui. C’est ainsi qu’on parlera d’un « humanisme athée » …
Marx : La science philosophique fait sienne la confession de Prométhée. Cette confession est sa propre devise qu’elle oppose à tous les dieux du ciel et de la terre qui ne reconnaissent pas la conscience de soi de l’homme comme la divinité suprême. Elle ne souffre aucun rival » Différence de la philosophie de la nature chez Démocrite et Epicure, 1841
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Pour Auguste Comte, l’humanité coïncide avec l’Être Suprême et c’est sous cette forme que l’humanisme prend sa définition au milieu de 19ème siècle.
La postmodernité démantèle ces quatre étapes :
c’: en exploitant et surexploitant la nature, l’homme menace sa propre survie, et aussi celle de la planète ; les ressources fossiles, limitées, sont en train de s’épuiser, les forêts sont dévastées, des espèces animales disparaissent…
b’: l’homme est la grande menace pour la planète ; il en est le prédateur le plus redoutable ; la planète sera plus heureuse et plus harmonieuse sans lui… Dès 1830, Gustave Flaubert, dans Les mémoires d’un fou, projette la disparition de l’homme : « Alors, la mer sans digue battra en repos les rivages, et ira baigner ses flots sur la cendre encore fumante des cités ; les arbres pousseront, verdiront, sans une main pour les casser et les briser ; les fleuves couleront dans des prairies émaillées ; la nature sera libre sans homme pour la contraindre, et cette race sera éteinte, car elle était maudite dès son enfance »
a’ : l’homme n’est qu’une espèce parmi d’autres ; sa différence n’est pas de nature, mais simplement de degrés… Ne partageons-nous pas 97% de notre ADN avec le singe, ou 95% avec le cochon ? L’homme, ici, serait simplement un mammifère qui a eu de la chance à la loterie de l’évolution… On voit bien une sorte de joie à rabaisser l’homme… Robert Musil, grand écrivain Autrichien mort en 1942, remarque « la singulière prédilection de la pensée scientifique pour ces explications mécaniques, statistiques et matérielles, auxquelles on dirait qu’on a enlevé le coeur » : « Ne voir dans la bonté qu’une forme particulière de l’égoïsme ; rapporter les mouvements du coeur à des secrétions internes ; constater que l’homme se compose de 8 ou 9 dixièmes d’eau… »
Ce rabaissement produit une forme de narcissisme où l’humanité ne se mire pas dans son image, mais dans sa disparition… les évolutions artistiques en témoignent : les visages humains deviennent déformés, évités… Le philosophe espagnol José Ortega y Gasset s’en avise en 1925 : « L’art dont nous parlons n’est pas seulement inhumain parce qu’il ne contient aucune chose humaine, mais parce qu’il consiste activement en cette opération de déshumaniser » Il s’agit plus de déconstruire que de rechercher vers quoi on va.
Du coup, comment continuer à s’interroger sur l’homme dans un contexte aussi mouvant ?
Où nous sommes passés des Droits de l’Homme au Droits Humains
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Où nous sommes passés de la personne née au sein d’une famille, inscrite dans une histoire et une tradition à un individu totalement émancipé, présenté comme « autonome » , dont l’opinion intérieur tient lieu de conscience
Où la question se pose de savoir quand un embryon devient un homme, et si une vie de dépendance et de grande perte d’autonomie est encore une vie humaine
Où l’homme ne dispose plus d’une prééminence, ou d’une supériorité naturelle sur les autres composantes de la nature
Que nous dit l’histoire de la discipline, ou du concept, qu’on nommerait ANTHROPOLOGIE
Essayant de nous tourner vers l’histoire, nous constatons que chez les classiques grecs, dans l’Ancien Testament, et en grande partie chez les Pères de l’Eglise, le questionnement porte bien plus sur la CONDITION de l’homme, que sur sa NATURE. Elles relèvent plus d’une spiritualité qui montre une VOIE que d’une étude scientifique qui recherchent une ESSENCE.
Ce n’est guère qu’à partir du 16ème siècle – la Renaissance nous permettait de sortir des ténèbres du Moyen-Âge – que l’anthropologie fait réellement son apparition… Avec les Temps modernes, elle devient une discipline, ou plus exactement un faisceau de disciplines :
Les propriétés du corps humain
Les us et coutumes des groupes ou sociétés humaines avec l’ethnologie et l’ethnographie
Une anthropologie philosophique, qui tente de combler le fossé né de la volonté de ne plus penser l’homme par rapport à Dieu, mais de l’inscrire dans la Nature
C’est au 18ème siècle, avec John Locke en Angleterre, puis Emmanuel Kant en Allemagne, que la question de l’homme devient centrale, particulièrement sous l’angle de la raison. Ainsi Kant, aux trois questions fondamentales de sa critique de la raison :
1. Que puis-je connaitre ?
2. Que dois-je faire ?
3. Que m’est-il permis d’espérer ?
En ajoute une 4ème : Qu’est-ce que l’homme ? En précisant un peu plus tard : « Mais au fond, on pourrait tout ramener à l’anthropologie, puisque les trois premières questions renvoient à la dernière »
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Début 20ème, Max Scheler, dans « La situation de l’homme dans le monde » (1928) approuvera : « Presque tous les problèmes de la philosophie convergent de plus en plus vers cette question, c’est-à-dire celle de l’homme »
Quelques décennies plus tôt, Ludwig Feuerbach, tout à fait en phase avec son temps, proposera une « transformation et résolution de la théologie dans l’anthropologie » Il écrira « Le secret de la théologie, c’est l’anthropologie »
Pour autant, la question « qu’est-ce que l’homme » même si elle est centrale, reste entière…
Faisons pourtant un pas de côté avec l’approche de Chantal DELSOL, qui mérite attention, sans entrer en contradiction avec celle de Remi Brague
Dans un ouvrage intitulé « Qu’est-ce que l’homme », sous-titré Cours familier d’anthropologie (Cerf 2008), cette philosophe nous propose de rechercher et d’identifier ce qui permet à un hominidé de devenir un humanisé.
Son étude se situe volontairement hors d’une approche croyante, pour rester accrocher à l’observation et à l’analyse.
Ainsi elle repère quelques grandes thématiques (qui valent toujours et partout), qui ont au fil des siècles structuré l’humanisation des hominidés, et qui apparaissent fragilisées par la modernité tardive :
a) La mortalité et la différenciation
La conscience de sa propre mort à venir l’apparition de l’humain, tout en marquant la différentiation individuelle.
Face à cette réalité, deux réponses : les sagesses qui décrivent la mort comme une illusion, les religions espèrent l’éternité ou l’immortalité
Quand les idéologies récentes gomment la mort en effaçant l’individualité… (terrorisme)
Quand la technique annonce une immortalité biologique…
b) Une société est faite pour être immortelle
Un peuple est programmé pour vivre toujours, ne serait-ce que parce que toutes les civilisations ont considéré que l’être est mieux que le non-être
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Quand des peuples n’ont plus envie de se considérer comme « devant vivre »…
La dialectique de l’individu et de la communauté aujourd’hui
Le salut et la morale : Chantal DELSOL fait une distinction très éclairante entre les sociétés qui ont privilégié le salut aux dépends de la morale et celles qui ont privilégié la morale au dépend du salut. Le salut d’une nation ou encore la raison d’État ont été privilégiés par les Romains. En revanche, Augustin et le Moyen Âge après lui vont limiter la raison d’État par une instance supérieure : la transcendance de Dieu et la morale qui l’accompagne. Pour Machiavel, nouveau retour de balancier : « il est légitime de gouverner de façon immorale s’il s’agit de sauver la patrie » (p. 55). Le nazisme était dans cette même posture. Mais désormais, alors que nous ne pouvons plus, comme Augustin, nous appuyer sur une transcendance, les traumatismes du XXe siècle nous font préférer la morale au salut, au nom du refus de la barbarie. Dans l’histoire, des peuples ont préféré disparaître plutôt que de perdre leur raison de vivre ; ainsi les Carthaginois, qui ont préféré être décimés par les Romains plutôt que de perdre la vie devant la mer ! Dans notre modernité tardive, il ne s’agit plus du salut d’un peuple, mais de celui de l’humanité. D’où cette question si grave, évoquée notamment par H. Jonas: « Faut-il vraiment que l’humanité se perpétue et pourquoi ? ». Le « à quoi bon » du nihiliste est une manière de dire qu’il n’y a plus d’Ailleurs possible.
c) Ethique : l’intuition universelle de la norme
La différenciation du bien et du mal est commune à toutes les sociétés
Distinction n’est pas séparation : distinction = altérité ; séparation = négation de l’altérité
Quand tout vaut tout, plus rien ne vaut rien, quand tout est dans tout, c’est le chaos originel, la confusion
« Le mal ne vient pas du mal, mais de la négligence à protéger le bien »
d) La transmission
La culture transforme l’hominidé en humanisé : l’homme est l’être qui transmet
On ne choisit pas ce dont on hérite (même quand on refuse, on refuse avec des mots transmis)
La culture n’est pas d’abord « savoir » académique, mais art de vivre, us et coutumes, civilisation
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Le collectivisme est un dressage anonyme, quand la transmission suscite des personnes uniques
Quand la transmission fait défaut, par rejet ou par volonté… la singularité disparait
e) La relation et la distance
L’humain manque toujours de qu’il n’est pas
Don, dette et « sujet de droit » : l’individu libéré du besoin de l’autre (interdépendance)
f) L’enracinement et l’émancipation
L’émancipation signifie la recherche d’un enracinement plus adapté, plus libre, plus juste
Supprimer l’enracinement, c’est priver l’humain d’un devenir possible
L’homme est un « glébeux qui rêve »
Anne LECU termine la recension de l’ouvrage par cette phrase : Car, pour désirer qu’il y ait demain une humanité, sans doute faut-il accepter l’inconnu, le risque et surtout l’ignorance, mais une ignorance qui cherche et qui questionne, cette docte ignorance qui est tout le contraire d’une science qui croit qu’elle sait tout car elle a découpé le génome humain.
L’anthropologie comme christologie
Une anthropologie chrétienne est impossible, parce que l’anthropologie est impossible en soi. Nous l’avons vu, nous n’avons pas devant nous un spécimen complet, intact, capable de porter une description de ce qu’est l’homme.
Par contre, le christianisme affirme que l’homme est « en chemin », en devenir, et que, sur ce chemin, il rencontre des obstacles qui le freinent et des aiguillons qui le poussent.
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Remi Brague, chrétien, n’écrit pas en théologien, mais bien en philosophe. Il souligne que, très souvent dans l’histoire, on tresse des lauriers au « message » du Christ, pour mieux affadir le « messager ». Jésus devient ainsi véhicule d’une sagesse, prophète, caisse de résonnance de convictions, une sorte d’humain parfait, inaccessible, qui désespère le pêcheur plus qu’il ne lui propose le salut… C’est sans doute pour cette raison que la conscience chrétienne a réagi par l’art, en donnant visage au Christ.
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Mais, dans le christianisme, la plus haute réalisation de l’humain et la plus parfaite présence de Dieu se donnent à voir dans le Christ, et plus encore dans le Christ crucifié. C’est dans le corps du Christ en croix que la présence de Dieu dans l’humain atteint sa plénitude, non pas à cause de la souffrance, mais en raison de l’amour avec lequel cette souffrance fut acceptée et portée, dans l’obéissance au Père.
En raison même de cette réalisation, toute vie humaine possède une dignité intrinsèque, que son humanité puisse s’exprimer ou non, qu’elle puisse se développer encore, ou pas, ou plus du tout.
Du fait de cette vision de l’homme, on a reproché au christianisme une sorte d’anthropocentrisme, qui négligerait ainsi les autres « vivants ». Soit dit en passant, on a longtemps reproché au christianisme d’avoir entravé le développement des sciences et des techniques… Et on lui reproche aujourd’hui la surexploitation industrielle de la planète et la destruction de l’environnement…
Certes, il n’y a pas de fumée sans feu : la communauté chrétienne n’est pas sans pêcheurs (elle en est même presque exclusivement composée). Le pape Jean-Paul II l’a rappelé au moment du jubilé de l’an 2000 en nous demandant de faire pénitence pour les fautes des générations passées. Mais une chose est sûre : si l’Eglise se préoccupe à ce point de l’homme, c’est parce qu’il est la seule créature à devoir être sauvé… Les plantes et les bêtes n’ont pas besoin de grandir en sainteté… L’homme, si !
L’homme a besoin de la nature, et il s’en sent responsable. Et la nature a besoin de lui. Il y a peu d’associations de protection de la nature chez les bonobos…
Ainsi, en christianisme, ce n’est pas à partir de lui-même que l’homme peut se définir. Comme disait Pierre Dac : « Le chainon manquant entre le singe et l’homme, c’est nous »
Façon de dire que l’homme n’est pas achevé, pas abouti, pas pleinement humain. Humain ? Comme on sait, l’adjectif a deux sens : parler d’un squelette humain, ou d’un comportement humain, n’ont pas le même sens… On devient homme, on s’hominise en s’humanisant. C’est ce que nous donnent à voir ceux en qui nous reconnaissons des grands, ou des saints… En tout, nous sentons bien avec eux que l’humanisation est un processus, on pourrait dire un devenir. Nous entrevoyons en eux des facettes de ce que peut être un homme accompli. Au passage, rappelons-nous qu’il n’est sans doute pas inutile de présenter aux enfants – ou aux adultes – des grands personnages, des saints, des personnes qui inspirent, qui nous donnent envie de les imiter, bref, qui nous font grandir…
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Ainsi, l’anthropologie chrétienne ne peut être que « excentrique », au sens où elle part d’ailleurs, où il faut trouver hors de l’homme de quoi faire grandir l’homme sur le chemin de l’humanisation.
Une anthropologie vraiment chrétienne ne peut donc être qu’une christologie. C’est la fameuse phrase de Pilate : Jésus donc sortit dehors, portant la couronne d’épines et le manteau pourpre. Et Pilate leur déclara : « Voici l’homme. » (Jean 19,5)
Erik PETERSON (né le 7 juin 1890 à Hambourg et mort le 26 octobre 1960 à Hambourg) est un théologien catholique allemand. Universitaire protestant, converti au catholicisme en 1930, spécialiste de patristique. Il fut un opposant au nazisme et eut une grande influence sur de nombreux théologiens du XXe siècle : Le Fils de l’homme, qui s’est livré aux mains des hommes, est celui qui a surmonté l’homme et, dans ce dépassement, a aussi surmonté la question : « Qu’est-ce que l’homme ? ». Depuis lors, tout questionnement anthropologique n’est plus qu’un questionnement provisoire qui ne trouve sa réponse et sa fin que dans la christologie.
Nous, chrétiens, savons donc que toute tentative anthropologique est provisoire, qu’elle décrit une esquisse. Hors de la figure du Christ, nous ne savons pas décrire l’homme parfait, accompli, achevé.
Lorsqu’on veut malgré tout définir l’homme à partir de lui-même, qu’arrive-t-il ?
On ne le définit que par rapport à soi-même ?
Où situer l’homme au sein du vivant ? Et pourquoi ?
Comment le positionner face à des machines qui deviendraient « intelligentes » ?
Marc Andreessen, le milliardaire qui a financé la « jeune pousse » française Mistral et publié un vibrant plaidoyer destiné à ne pas ralentir la recherche : « The Techno-Optimist Manifesto ». Le but des accélérationnistes est explicite : il s’agit de fonder une nouvelle spiritualité, une avancée métaphysique, de dépasser le Transhumanisme qui veut « seulement » améliorer l’être humain sans nier pour autant son essence, par un Posthumanisme qui lui offrira enfin l’immortalité, à condition toutefois qu’il renonce à son corps biologique mortel comme à sa personnalité individuelle pour se fondre dans la « noosphère » universelle de l’IA. (Luc FERRY, le Figaro du 11-01-24)
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Un relativisme absolu nie toute idée de vérité, au profit du désir et du ressenti
L’individu (interchangeable) tient lieu de personne, l’humain (abstrait) se substitue à l’homme.
« La nation entière n’est rien, quand on la sépare des fractions qui la composent. C’est en défendant les droits des fractions qu’on défend les droits de la nation entière ; car elle se trouve répartie dans chacune de ces fractions. Si on les dépouille successivement de ce qu’elles ont de plus cher, si chacune, isolée pour être victime, redevient, par une étrange métamorphose, portion du grand tout, pour servir de prétexte au sacrifice d’une autre portion, on immole à l’être abstrait les êtres réels ; on offre au peuple en masse l’holocauste du peuple en détail. » Benjamin Constant, 1814
D’aucuns ne manqueront pas de décider qui est vraiment un homme, ou plus un homme, ou moins un homme
On peut sans beaucoup d’imagination s’attendre à des tentations, des tentatives ? de perfectionnement génétique, de « fabrication » d’humains optimisés
Primauté du concept général d’humanité sur la réalité de la personne enracinée dans une famille, une langue, une nation une culture. Cet humanitarisme se tourne vers l’homme comme abstraction, exerce un amour de l’humanité qui peut avoir pour corolaire de supprimer des hommes qui viendraient attenter à cette humanité abstraite.
Cet humanitarisme est un redoutable ennemi du christianisme
« Le rival de Dieu n’est jamais la créature concrète que nous aimons. Ce qui finit toujours en apostasie, c’est la vénération de l’homme, le culte de l’humanité. » Nicolas Gomez Davila 2009, écrivain et penseur colombien
En effet, l’humanitarisme repose sur un autoportrait flatteur… Tout le monde est pour la paix, la justice, la reconnaissance mutuelle… le problème est que les moyens pour atteindre ces objectifs divergent…
L’homme est fondamentalement, naturellement, bon, pacifique, disposé à accueillir les autres… Il n’a pas besoin d’une autre aide qui lui-même pour accomplir ce qui le rend réellement humain… C’est l’histoire, les conditions économiques, biologiques, climatiques qui ont inhibé le libre développement des facultés humaines.
Avec des conséquences redoutables, par exemple en droit pénal quand on veut en faire une interprétation et une déclinaison « humanitaire » : refuser de considérer que le coupable mérite sa peine, et le transformer en malade ou en fou, l’enferme dans une
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catégorie dont il ne pourra sortir que lorsque quelqu’un, ou un comité, en a décidé… Alors qu’une peine, une fois exécutée, solde les comptes mécaniquement…
L’humanité comme club, ou le droit du plus fort
La laïcité dont nous nous réclamons aujourd’hui, dans ce qu’elle s’efforce, non pas à la neutralité religieuse, mais à la neutralisation des religions, tend mécaniquement à considérer que l’humain correspond à ce qui est compris par les parties en présence ici et maintenant.
L’état de droit est censé protéger les faibles. En effet, les forts n’ont que faire du droit pour assurer leur protection et garantir leur influence. C’est quand ils faiblissent, par l’âge, la maladie, l’apparition d’un plus puissant, qu’ils veulent compter sur le droit. Seul les faibles ont besoin du droit. Et pourtant, c’est bien dans un état de droit, débarrassé et libéré de l’obscurantisme des religions, que l’on constitutionnalise le droit à l’avortement, que l’on prive délibérément un enfant de son père, que l’on se prépare à légaliser le suicide assisté, puis, n’en doutons pas un instant l’euthanasie. Qui décide de ce qui est pleinement humain, déjà pleinement humain, encore pleinement humain ? Quand un système de droits aussi sophistiqué que le nôtre fait aussi peu de cas du droit inaliénable des plus faibles, on peut s’interroger...
Essayons de balbutier une lecture chrétienne
En soulignant tout d’abord que, en termes de ce qu’on pourrait appeler « anthropographie » la description de l’homme par un chrétien, ou un athée, ou un cosaque… ne varie pas : c’est un mammifère équipé d’une colonne vertébrale sans queue, dont les pieds sont plutôt longs, qui n’a pas de pelage (en comparaison du singe ou de l’ours), qui a besoin de beaucoup de temps pour apprendre à survivre seul… Dans ce cadre, la foi chrétienne ne revêt pas une utilité particulière…
Et pourtant, dès lors qu’il s’agit de concevoir l’homme, de le penser, et pas seulement de le décrire de façon photographique…
Ainsi, le fait que l’homme se tienne droit, se tienne debout, ne lui permet pas seulement de regarder les étoiles, mais d’orienter son visage vers le haut, un haut qui symbolise le domaine de Dieu
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Ainsi, le petit d’homme qui nait inachevé, qui ne possède pas ou peu d’outils naturels, se sait rapidement déficient, inapte à s’en sortir tout seul, conscient de son inaptitude à faire le bien par ses seules forces
Ainsi, l’homme possède le logos, qui ne se réduit pas à un langage descriptif. Ce logos peut être compris comme capacité d’ouverture à la Parole de Dieu. Ainsi doué, l’homme peut penser le monde et sa raison
Ainsi, dans son unité corps et âme, l’homme est à la jointure du haut et du bas : façon de comprendre que l’homme, qui a entrainé la création dans la chute, peut aussi la conduire avec lui vers le salut
Ainsi, quand la pensée biblique nous offre, et c’est une certaine originalité, des expressions comme « venir » au monde, « entrer » dans le monde, « mettre » au monde, nous prenons conscience à la fois d’un mode de présence au monde qui ne ressemble pas tout à fait à celui de l’escargot ou même du bonobo et d’un sentiment de finitude, sentiment qu’il faudra un jour quitter ce monde, dont nous sommes des habitants particuliers… Le philosophe allemand Georg SIMMEL (à cheval sur 19ème et 20ème siècle), qui n’était pas chrétien, le perçoit parfaitement :
« C’est un des prodigieux paradoxes du christianisme que de tirer de la mort la signification de la vie, pour placer d’emblée celle-ci dans la perspective de sa propre éternité. Et, de fait, l’éternité n’y est pas envisagée seulement comme un prolongement de la vie succédant à l’ultime instant terrestre : c’est plutôt que, dans le christianisme, la destinée éternelle de l’âme dépend de la séquence entière des contenus de la vie, … On peut considérer que la mort, ici, est surmontée… parce que la vie vient dénier à la mort toute capacité d’agir à travers les éléments singuliers de la vie et lui dénie la capacité de les limiter de l’intérieur, en vertu de leurs effets éternels. »
Pour le chrétien, la foi en la résurrection n’édulcore aucune exigence morale. Il n’y a pas de 2ème chance (comme dans le bouddhisme) La mort appose son sceau sur la vie passée, que la résurrection assume et élève pour toujours
Dans le christianisme, l’histoire de l’homme ne commence pas dans la préhistoire… Elle est beaucoup plus longue. Elle retrace le choix de l’autodétermination, et donc du renoncement à une relation d’amour et de reconnaissance envers le Créateur. C’est la chute. Et la posthistoire, c’est celle du temps orienté par l’espérance du salut et de la paix en Dieu. Ainsi, nous savons que la vie chrétienne consiste, dans la liberté, à choisir l’amour ou à se choisir elle-même. Et c’est vrai pour tout homme… La distinction entre Juif, Grecs, Homme,
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Femme, esclave, Homme libre, existe, mais elle perd de sa pertinence. L’unité dans le Christ n’est pas fusion indifférenciée, elle est respect mutuel, accomplissement des différences dans l’amour.
Je n’insiste pas sur l’immense mystère que représente l’Incarnation comme possibilité offerte à l’homme d’entrer dans la vie de Dieu
Je n’insiste pas sur l’unicité de la personne, corps et âme indissolublement liés. C’est son corps qui donne à la personne son unicité… Bonne raison de le respecter.
Je ne fais que rappeler que, dans une perspective chrétienne, l’histoire n’est pas qu’une suite d’événements : elle est un récit, avec un début, et qui tend vers une fin comme son accomplissement. Le début, c’est la Chute « Le péché originel est vraiment originel. Non seulement pour la théologie, mais aussi pour l’histoire, c’est quelque chose d’enraciné dans les origines. Peu importe ce qu’ils ont cru d’autre, tous les hommes ont cru qu’il y a quelque-chose qui cloche dans l’humanité » (Chesterton). En gros, nous savons tous que l’homme n’est le plus souvent pas à la hauteur de ce qu’il devrait être… Je ne fais pas le bien que je voudrais… Pour autant, le dogme du péché originel ne relève pas du pessimisme… Le Christ, dans son incarnation, sa mort et sa résurrection, est venu réparer ce que le péché originel avait brisé.
Pour conclure : L’excentricité de l’homme
Lorsqu’on qualifie la vision chrétienne de l’homme « d’excentrique », on ne dit pas seulement qu’on ne peut pas définir l’homme à partir de lui-même ; on dit aussi que le chrétien n’a pas une place d’honneur au sein de l’humanité…
Les chrétiens, à la différence de la Ouma, ne forment pas une communauté supérieure… ils sont plutôt un petit troupeau…
Parce que les chrétiens pensent que tous les hommes sont créés « à l’image de Dieu et à sa ressemblance », ils pensent que tous les hommes sont dignes de respect, de soins et de secours … Montesinos
Il faudrait plus de temps pour souligner combien cette vision chrétienne produit des visions artistiques, une représentation du réel, l’émergence du roman en littérature…
Encore une fois, l’Incarnation bouscule la vision « classique » du corps :
Dans la pensée des intellectuels antiques, le corps est le plus souvent dévalorisé, au profit de l’âme, qui serait ce qui est vraiment humain : le corps est comme un
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obstacle à la vie réelle. Cette sorte de séparation nécessaire entre le corps est l’âme va légitimer le suicide comme une libération, va considérer le corps comme une propriété de « l’être » (?) Mon corps m’appartient … Mais qui est ce MOI à qui appartient MON corps ???
Contre ce mépris du corps, les chrétiens croient en la résurrection de la chair. Il ne s’agit plus simplement de l’immortalité de l’âme, mais du salut de la personne toute entière. Quand on accuse les chrétiens de mépriser le corps… quel contresens !!!
Ainsi, quand le corps devient « demeure de Dieu », il convient d’en prendre soin : de le nourrir quand il a faim, de le soigner quand il est malade, de le soulager quand il souffre
Ainsi, le soin et les respect accordés à leur propre corps invitent les chrétiens à respecter tout autant le corps des autres. C’est ainsi que nait la condamnation de l’avortement, dont Chantal Delsol nous rappelle qu’elle était une pratique courante dans l’antiquité… C’est l’inversion des normes produites par le christianisme dans les premiers siècles, et que la postchrétienté réinverse…
Ainsi de la condamnation de l’esclavage, sans lequel les sociétés antiques ne pouvaient pas fonctionner. Retenons simplement l’argumentaire de Grégoire de Nysse (IVème siècle) :
o Dieu crée l’homme pour qu’il domine la terre et les bêtes, pas pour qu’il domine ses semblables
o Tous les êtres humains ont été faits des mêmes éléments, ils possèdent donc des corps et des âmes de même valeur
o Les hommes ayant été créés à l’image de Dieu, il est impossible de les acheter : leur prix dépasse tout ce qui peut de payer avec de l’argent
C’est bien dans la chrétienté que nait la légitimité des époux de se choisir… Et même quand la poésie des troubadours, ou des formes dites romantiques, laissent penser que l’amour vrai, l’amour passion, l’amour authentique, ne peut se trouver ni durer dans le mariage, n’oublions pas que le mariage chrétien, sacrement que les époux se donnent devant Dieu, a pour finalité la personne et pas la passion, souvent d’ailleurs narcissique.
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Nous vivons un paradoxe : les chrétiens sont dépositaires d’une vision surnaturelle, fondée sur une révélation venue de l’extérieur. Tous se passe pourtant comme s’ils avaient aujourd’hui à défendre la nature dans ses dimensions les plus élémentaires. Ces dimensions, on les désigne par l’adjectif « biologique » qui prend aujourd’hui une connotation péjorative… Le géniteur… le biologique au service du patriarcat…
A l’opposé, en droite ligne du respect qu’il doit à la nature en tant que création déchue et rachetée, et plus encore en raison de l’Incarnation, le chrétien éprouve du respect pour tout ce qui est naturel en l’homme, même ce qu’il y a de plus bas, de plus humble, dans sa corporéité. En promouvant la dimension charnelle de l’homme, c’est peut-être l’humanité tout entière que les chrétiens défendent.
« Dieu de mes pères et Seigneur de miséricorde, par ta parole tu fis l’univers, Tu formas l’homme par ta Sagesse pour qu’il soit maître de tes créatures, qu’il gouverne le monde avec justice et sainteté, qu’il rende, avec droiture, ses jugements.
Donne-moi la Sagesse, assise auprès de toi ; ne me retranche pas du nombre de tes enfants : je suis ton serviteur, le fils de ta servante, un homme frêle et qui dure peu, trop faible pour comprendre les préceptes et les lois.
Le plus accompli des enfants des hommes, s’il lui manque la Sagesse que tu donnes, sera compté pour rien. »
Sagesse 9, 1-5