Penser la réforme de l’Église

Joseph Famerée - Gilles Routhier
Édition du Cerf - 2021 • ISBN : 9782204140546
197 pages
Gilles Berrut
Janvier 2024
Relecture :
Ecclésiologie
Temps de lecture :
1
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Un livre d’ecclésiologie n’est pas chose fréquente en dehors du cercle des spécialistes. En particulier un livre qui aborde la méthodologie de réforme. Joseph Famerée, de l’université catholique de Louvain, et Gilles Routhier, de l’université Laval au Canada, spécialisé Clézio logis de Renault, nous y invitent avec ce livre.

Il s’agit de quatre textes de vulgarisation de recherche qui sont réunies dans un même ouvrage articulé entre eux  dans une conclusion  commune. C’est sans doute le reproche que l’on pourrait formuler : colliger n’est pas organisée. Mais ce défaut a l’avantage celui d’imposer aux lecteurs de rechercher la possibilité, en quelque sorte, la nécessité de tisser les relations entre ces textes par la réflexion et les hypothèses qu’il invite à formuler.

Le premier texte est une relecture du fameux livre du cardinal ils font gare « vraie fausse réforment dans l’église pour les années préparatoires du concile Vatican II ».  la catholicité au sens de son universalité doit se réformer en permanence pour correspondre aux dimensions du monde et à sa variété. Cette réforme doit être à la fois ecclésiologie qui est pastorale. Des conditions d’une vraie réforme sont au nombre de quatre : primauté de la charité, rester en communion, la patience, un retour aux principes de la Tradition.

La deuxième partie s’intitule réformer l’Eglise catholique dans le contexte d’une Église-Monde. Elle permet à l’auteur de reprendre les textes de Vatican II qui concernent cette volonté que la catholicité soit réellement dimension du monde.Bien entendu cette Église-Monde met en évidence l’importance de l’unité. Le décret Unitatis Reintegratio (UR) souligne que tout en conservant l’unité chacun doit conserver la liberté voulue dans les formes diverses de la vie spirituelle, de la discipline, des rites liturgiques, et dans l’élaboration théologique. Ainsi, en d’autres termes, l’unité impose la diversité pour prendre en compte les dimensions du monde. Ce texte ne fait que développer ce qui est contenu dans l’article 13 de Lumen Gentium (LG), qui porte sur l’universalité et la catholicité de l’unique peuple de Dieu. Le texte « Orientalium ecclesiarium », est l’occasion de définir ce qui est nommé comme une église particulière, dont l’existence légitime dans la communion ecclésiale jouit de traditions propres. La chaire de Pierre protège les légitimes diversités ! Précise LG.  Vient alors une description d’un des termes fréquents dans les textes du concile Vatican II : le territoire. Ce terme n’est jamais utilisé pour un diocèse une paroisse mais pour des dimensions socioculturelles au sens d’espace humain ou ensemble culturel. Les églises orientales étaient considérées comme des exceptions tolérées parfois pour des raisons stratégiques mais ils deviennent une modalité parmi d’autres à égalité de légitimité. Ces remarques sont ainsi résumées : « l’enjeu est d’arriver à penser l’inscription de l’église dans un espace humain et de réfléchir à frais nouveaux ce que signifie pour l’église le fait d’être catholique. Pour appréhender cette affirmation il faut se souvenir que Vatican de premier concile œcuménique à être composé de père en provenance du monde entier a ainsi appréhendé dès le départ la nécessité d’un rapport aux cultures diverses comme un enjeu capital pour l’annonce de l’Évangile.

Cette compréhension de l’université la catholicité qui impose de prendre en compte les cultures et sur le plan ecclésiologie les territoires (teritoriales episcoporum), va être atténués par la suite au profit d’une tentative de retour à une unité qui estompe les différences culturelles.

Le troisième texte est une réflexion sur la réforme de la Curie romaine en perspective de la synodale de l’église. Thème tant de fois abordée de l’équilibre entre le primat de Rome accentué par le premier concile de Vatican, et la collégialité des évêques et l’émergence des conférences épiscopales issues des constitutions du deuxième concile de Vatican. L’auteur s’appuie sur une description technique, pour ne pas dire savante, afin de décrire ce qui pourrait être une redéfinition des relations entre le pape, la curie et le collège des évêques. Certains textes et relations des prises de parole au cours des travaux du concile sont surprenants par leur précision, leur description et la vision de ce que pourrait être les enjeux de l’après-concile. En particulier une intervention de Maximos IV (p 94), au cours du débat sur le de episcopis (novembre 1963), où il propose qu’un sacré collège de l’église universelle pourrait être convoqué pour les affaires de contrôle de l’église au lieu que ça soit uniquement la Curie romaine qui le soit. Un groupe au sein de ce sacré collège constituerait le collège suprême. Ceci fait évidemment penser au C9, le groupe des neuf cardinaux, qui entoure l’actuel Pape François.

Après un texte sur la collégialité et largement inspirée de l’ecclésiologie orthodoxe, les auteurs complètent leur réflexion en situant au centre la miséricorde comme fondement et principe écrit serve toute réforme dans l’Eglise.

Le pape François sur le plan théologique tient à la fois à garder le principe de la primauté de l’évêque de Rome et le principe collégial des évêques, en y ajoutant le principe communautaire ou synodale.

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