Un si grand désir de silence

Anne Le Maître
Édition du CERF - 2022 • ISBN : 9782204150897
184 pages
Rachel Richard
Janvier 2024
Relecture :
Essai
Témoignages
Temps de lecture :
1
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Madame Anne Le Maître, écrivain, aquarelliste, géographe, aime se promener en ville ou dans la campagne. Elle a écrit de nombreux carnets de voyage, notamment sur la Bourgogne où elle vit.

L’auteur part du constat que dans notre société, tout est fait pour fuir l’inactivité, la religiosité et la mort dans un brouhaha perpétuel . Ensuite, l’auteur zoome sur le silence en soi si nécessaire qui va nous donner la chance d’une parole vraie entre nous.

Notre attention est captée par l’économie de notre époque. Le temps libéré par les progrès de la révolution industrielle est à présent « colonisé par l’industrie du loisir et de l’information », avec comme conséquence de nous couper l’accès à notre intériorité. L’auteur développe aussi comment le silence est l’objet d’un choix. Il est gratuit. C’est un combat qui demande de l’entraînement. La vie a confronté l’auteur à un entraînement radical, à l’écoute, à la patience, à l’accueil, à l’amour, dans le silence de l’épreuve, de l’accompagnement de son compagnon en fin de vie. La perte, le deuil, la solitude vécus ainsi que sa propre maladie traversés, l’auteur rapporte avoir reçu « quelque chose qui est de l’ordre de la vie pure ». L’auteur termine son livre en précisant que tous colocataires sur terre, il est de la responsabilité de chacun, du choix gratuit, du silence, jusqu’au lieu de son cœur, « dépouillé un peu du costume du monde ». Apprendre à se taire ensemble, découvrir qui parle quand on se tait sont des chemins que l’auteur nous invite chacun à explorer pour se rencontrer sur des sommets ou à des carrefours.

Anne Le Maître partage avec le lecteur son expérience très personnelle, même intime du silence pour apprivoiser sa propre solitude, ses impatiences. Elle détaille par exemple dans ses activités de prédilection : le tricot et l’aquarelle, comment elle passe de la concentration à l’oubli d’elle-même. Elle invite le lecteur au silence et au jeûne, comme deux disciplines du manque à entraîner, afin de laisser du creux en nous pour plus de fécondité de nos vies.

Extrait - page 118

Fécondité du vide.

Fécondité de la terre laissée en friche qui, loin de s'endormir, acquiert dans cette vacance une puissance de vie telle qu'elle rayonne toujours davantage et peut régénérer alentour un espace dix fois plus vaste qu'elle. Quels sont ces pollinisateurs intimes qui viendront, à partir des petits cœurs fertiles que nous aurons su préserver du vacarme, enrichir notre biodiversité intérieure et féconder nos vies ?

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