Le médiocre et le génie

Patrice Guillamaud
Editiions du cerf
Gilles Berrut
Relecture :
Essai
Philosophie
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Publié en juin 2024 aux Éditions du Cerf, l'ouvrage "Le médiocre et le génie" de Patrice Guillamaud prolonge sa réflexion sur l'ousiologie.

L'auteur, agrégé de philosophie et docteur qui enseigne la philosophie en khâgne, approfondit les thèmes déjà explorés dans ses précédents essais tels que "L'art et la renonciation" ou "La jouissance et l'espérance".
Dans ce texte de 264 pages, Guillamaud analyse le déclin contemporain du concept de génie, qu'il relie à l'héritage philosophique de Kant à Derrida. Il soutient que cette évolution traduit une dégradation culturelle née de la relativisation de l'excellence, et défend une renaissance du génie comme essence spirituelle éternelle, garante du respect de l'humanité.
L'argumentation s'articule principalement autour de l'examen des penseurs ayant fragilisé la notion de génie (Kant, Nietzsche, Beauvoir, Derrida), de l'impact culturel de cette dévalorisation favorisant médiocrité et antihumanisme, et d'une proposition de redéfinition du génie comme essence spirituelle fondamentale.
Cette réflexion s'inscrit dans la continuité de ses travaux sur l'essentialisme, en opposition aux courants déconstructivistes actuels.
Si l'analyse philosophique impressionne par sa profondeur et sa clarté synthétique, certaines généralisations mériteraient plus de nuances dans la critique des philosophes évoqués. La défense de l'essentialisme gagnerait également à être davantage étayée face aux objections contemporaines.
Néanmoins, cet essai participe au débat actuel sur la place du génie, de l'intelligence et de l'excellence dans notre société. Paradoxalement, cet éloge du génie vient donner un cadre de pensée. A l'heure où est survalorisée des fonctionnements intellectuels aux compétences spécifiques, mais au détriment des capacités de synthèse et plus largement au fonctionnement en société et de relation à la vie sociale, cette réflexion vient apporter un modèle théorique à des débats souvent restreint à la performance. Le génie n'est-il pas celui qui intégre l'ensemble des données du réelle dans sa réflexion, en contraste avec celui qui réduit son champ d'intervention à un aspect précis au détriment de l'ensemble ?

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