Le dernier Pape" par Giovanni Maria Vian Éditions du Cerf, 2024, 319 pages
Parcourir l'histoire contemporaine de l'Église depuis le XIXe siècle de manière thématique, pour discerner les perspectives d'évolution de l'évêque de Rome comme pasteur universel : tel est le chemin proposé par l'ouvrage "Le dernier Pape".
L'auteur, Giovanni Maria Vian, historien et journaliste éditorialiste qui dirigea pendant dix ans l'Osservatore Romano, est connu pour ses nombreux ouvrages, parmi lesquels "François : le pape américain", "Pape François, paroles en liberté" ou encore "Les photos secrètes du Vatican".
Le parcours emprunté par l'auteur nous conduit, dans un style journalistique à la fois aisé et richement documenté, à revisiter des questions aussi diverses que le célibat sacerdotal, les synodes et conciles, l'Allemagne et le complexe anti-romain, la banque du Vatican ou encore le conflit entre Jésuites et Rome. L'évolution de la papauté en Italie, la position ambivalente de Pie X entre réformisme et répression du modernisme, ainsi que l'importance de Ratzinger pendant et après Jean-Paul II, offrent l'occasion d'observer la transformation du rôle pontifical durant les périodes pré et postconciliaires. Enfin, le pape François, entre controverses et "nœuds non résolus", placé en comparaison permanente avec un prédécesseur toujours pape, invite à une réflexion plus fondamentale sur la manière d'exercer le primat de l'évêque de Rome.
À l'issue de ce parcours thématique et historique, une dernière partie intitulée "Prospectives" offre un espace de synthèse et de discussion. Dans ce contexte, l'auteur souligne que, par contraste avec la vision d'une gouvernance du pape François de type personnel et autocratique, il faut prendre en considération que le Pape affirme mettre simplement en œuvre ce que le collège des cardinaux avait délibéré lors de la réunion préparatoire à son élection en 2013. Ceci nous impose de mettre ce mode de gouvernance en perspective avec les derniers mois du pontificat de Benoît XVI, ceux qui ont précédé sa démission. Ils étaient marqués par des scandales financiers et une mainmise de la Curie sur l'action du pape. Celle-ci était elle-même héritière des longues années de maladie de Parkinson et de dépendance de Jean-Paul II, où la Curie était dans l'obligation de prendre des initiatives en matière de leadership. C'est cet héritage qu'il incombe à François de solder pour une actualisation de la gouvernance.
Au regard des enjeux, l'auteur souligne, malgré tout, que les réalisations concrètes du Pape restent très modestes. Tout juste peut-on noter la réduction drastique de la Secrétairerie d'État, pourtant au cœur de la réforme voulue par Paul VI. Évidemment, la grande inconnue demeure la poursuite et l'influence d'une gouvernance extra-européenne dans l'avenir, après l'issue du prochain conclave qui reste un temps de choix imprévisible, malgré toutes les hypothèses émises.
Il ne s'agit pas d'un ouvrage d'ecclésiologie et de recherche, mais plutôt d'un livre journalistique qui, par ses qualités d'écriture et de documentation, se révèle pédagogique. On ne saurait dire si cette histoire récente conduit à interrompre la fonction particulière de l'évêque de Rome, mais on peut raisonnablement, au regard de cette histoire récente, envisager une évolution majeure de sa place dans l'Église catholique.
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