La Bible de Le Maistre de Sacy, également connue sous le nom de Bible de Port-Royal, est une traduction française de la Bible réalisée au XVIIᵉ siècle par Louis-Isaac Lemaistre de Sacy (1613-1684), prêtre catholique et théologien associé au mouvement de Port-Royal. Il collabore avec des figures éminentes telles que Blaise Pascal, Robert Arnauld d'Andilly et Pierre Nicole. Le Nouveau Testament, traduit à partir du grec, est publié en 1667 sous le nom de "Nouveau Testament de Mons" et L'Ancien Testament est achevé et publié en plusieurs volumes entre 1672 et 1696.
La traduction se distingue par la pureté et l'élégance de son style, caractéristiques du classicisme français. Elle vise à rendre le texte biblique accessible tout en conservant une grande fidélité aux sources, principalement sur la Vulgate latine, mais également des éléments des textes hébreux et grecs, reflétant une approche érudite et critique.
À cette époque d’autres bibles catholiques en langue française sont disponibles telles que La Bible de Louvain (1550), révisée plusieurs fois au XVIIe siècle, la Bible de Frizon (1621) et celle de Corbin (1643). Il est important de noter que la lecture de la Bible en langue vernaculaire était strictement encadrée par l'Église catholique à cette époque, suite aux décisions du Concile de Trente. Les fidèles devaient avoir une permission spéciale pour lire ces traductions.
La Bible de Le Maistre de Sacy a exercé une influence majeure sur la littérature française à partir du XVIIe siècle et au-delà. Ainsi, elle était lue et appréciée par des écrivains tels que Victor Hugo, Arthur Rimbaud, Honoré de Balzac ou Alfred de Vigny. Son importance est également notable sur le style et langue française classique : Style élégant et littéraire du français classique avec un souci de clarté et de précision dans la traduction.
Certaines expressions bibliques toujours largement utilisées viennent de cette traduction, telles que : "Porter sa croix" (Mt 16,24), "Jeter la pierre" (Jn 8,7), "Le sel de la terre" (Mt 5,13), "S'en laver les mains" (Mt 27,24), "Le bouc émissaire" (Lv 16,8)
"Le grain de sénevé" (Mt 13,31) ou par exemple « séparer du bon grain et de l'ivraie" (Mt 13,24-30).
L’édition proposée par les Éditions du Cerf a tenu compte de certains usages récent d’orthographe et de ponctuation qui se sont imposés depuis l’édition de 1759, de Laurent-Etienne Rondet, utilisée dans cette présente édition.
L’ensemble reste un texte d’une grande beauté, et d’une clarté remarquable, dont la lecture cursive devient un chemin de conversion, pour ne pas dire un itinéraire de vérité. Pour tous ceux qui apprécient la langue classique, ce livre est indispensable, pour les autres une façon de découvrir, comme en conclut l’éditeur, la Parole de Dieu admirablement servit par la langue française.
Afin de poursuivre la lecture
Livre de référence :
John Steinmann. Richard Simon et les origines de l'exégèse biblique. Desclée de Brouwer, 1960. Disponible à la bibliothèque de l'université catholique de Lille.
Autres parutions :
Hélène Bah-Ostrowiecki, Bernad Chédozeau, François Laplanche. La bible au XVIIe siècle. Revue XVIIe siècle 1997 ; 194, 190 p.
Pierre Descotes. la Bible de Port-Royal et l'exégèse patristique : l'exemple de l'Evangile de Jean. Chroniques de Port-Royal 2021;27:157-171